Né dans le premier quart du XXe siècle, le Mouvement moderne est une révolution dans l’histoire de l’architecture qui a profondément modifié les principes de conception des édifices publics et privés (voir l’article La Seconde Reconstruction et les Trente Glorieuses en Lorraine). Loin d’être figée, l’œuvre des pionniers de la modernité a connu de nombreuses évolutions, relayées et prolongées après eux par les nouvelles générations d’architectes.
Ainsi, l’Eglise Sainte Jeanne-d’Arc de Verdun ou la Faculté des Sciences et Technologies de Nancy, construites toutes deux au cours des années 1960, s’inspirent respectivement des œuvres tardives de Le Corbusier et de Frank Lloyd Wright et rompent avec les volumes géométriques élémentaires enduits de blanc des débuts du Modernisme.
Après 1975, le renouvellement des types et des formes s’accélère. Le dernier quart de siècle est marqué par l’énergie chère, la crise économique et une critique souvent acerbe de la modernité. La génération des pionniers a définitivement disparu. Les figures émergentes prennent leurs distances avec l’application parfois brutale des principes hygiénistes et fonctionnalistes dans les centres anciens et les grands ensembles. Associées à une volonté de préservation du patrimoine, de nouvelles pratiques nourrissent les esprits dans les agences et les écoles d’architecture. Le XXIe siècle naissant prolongera ces nouvelles approches.
La maison continue d’être repensée (voir l’article La maison : un lieu de constantes expérimentations), tout comme le logement collectif et son insertion dans les centres historiques. Les ensembles du Village Lobau à Nancy et des Roches à Metz en témoignent.
Loin de détruire les édifices anciens, désormais, on les réhabilite. C’est le cas d’une simple chapelle isolée dans la forêt meusienne ou d’une ancienne bonneterie. Les interventions peuvent aussi s’opérer à l’échelle d’un îlot complet, comme le pratique à Nancy et à Metz l’agence François & Henrion pour les îlots Carmes-Gambetta et Sainte-Chrétienne.
Les édifices de la modernité font eux-mêmes l’objet de réhabilitation ; la relecture qu’en font les architectes contemporains est alors particulièrement parlante. C’est le cas des Galeries Lafayette à Metz redynamisées par l’intervention de Manuelle Gautrand en 2015 et de l’ancien Centre de tri postal devenu centre des congrès en 2014.
Orphelin des pères fondateurs du début du siècle, le milieu architectural a trouvé de nouveaux phares, tout aussi charismatiques et médiatiques. La Lorraine rassemble quelques exemples de leurs travaux. Le Catalan Ricardo Bofill, si écouté dans la France de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand, délaisse les ensembles de logements dont il s’était fait une spécialité pour dessiner une salle de musique à Metz. Les actuels « star-architectes » français Jean Nouvel et Dominique Perrault ont œuvré dans leur jeunesse à Vandœuvre-lès-Nancy et Bar-le-Duc. Enfin, l’implantation d’une antenne du Centre Pompidou dans le Grand Est a donné lieu à l’intervention d’une star internationale en la personne de Shigeru Ban, venu du Japon.
Cette dernière réalisation ouvre des perspectives sur l’usage du bois en architecture et son lien avec le développement durable, ce que détaille l’article Matériaux locaux, modernité et développement durable.
CAUE de Moselle, Moselle, Architecture, Le XXe siècle, Cent ans, cent bâtiments, Metz : Serge Domini, 2003.
COHEN Jean-Louis, L’Architecture au XXe siècle en France, Paris : Hazan, 2015.
RONGEOT Gérard (dir.), ADUAN 1975-2005 : 30 ans d'architecture et d'urbanisme dans l'agglomération nancéienne, Nancy : ADUAN, 2005.
Crédit photo : Pierre Maurer/LHAC/ENSA Nancy © URCAUE Lorraine