Le centre commercial et les tours Saint-Sébastien prennent place au sud-ouest de la Ville Neuve voulue par le duc de Lorraine Charles III (XVIe-XVIIe siècles). Ce secteur s'est progressivement paupérisé au XIXe siècle et au début du XXe siècle, sans que les municipalités successives ne parviennent à agir efficacement contre ces taudis.
Il faut attendre les années 1960 et le mandat du maire Raymond Pinchard (initiateur parallèlement du grand ensemble du Haut-du-Lièvre) pour voir la rénovation s'engager sous la houlette de l’architecte-urbaniste Jean Faugeron. L'emprise allant de la rue des Ponts aux voies ferrées, et du lycée Cyfflé à la rue Saint-Thiébault est détruite pour être totalement repensée. Seule l’église Saint-Sébastien et la synagogue sont conservées.
Une première phase, à l’ouest, concerne un terrain triangulaire sur lequel vient s’implanter, entre autres, la tour Joffre Saint-Thiébaut (1960-1962). Le terrain rectangulaire voisin comprenant l’église Saint-Sébastien fait l’objet d’un plan d’ensemble en 1966, révisé en 1971. À cette date, les bulldozers ont fait place nette pour de nouvelles constructions. C’est alors que sont entrepris le centre commercial et les tours Saint-Sébastien, que l'on doit à l'architecte Jean Marconnet. La galerie marchande est inaugurée en 1976.
Le quartier poursuit son développement au sud. L’imposante tour Stanislas (120 m), imaginée au cours des années 1970, est abandonnée sous le coup des protestations. Elle est remplacée par un palais des congrès mitoyen du centre commercial (1977) et par un immeuble de logements proche esthétiquement des tours Saint-Sébastien : le Trident.
Lors de la conception du quartier Saint-Sébastien, l'architecte Jean Faugeron ne suit pas le principe fréquent à l'époque de "l'urbanisme sur dalle" (c'est à dire séparant les piétons de la circulation automobile en plaçant les premiers au-dessus du sol naturel). Il opte plutôt pour un maintien de la rue originelle et l'encadre de bâtiments-socles, d’où s’élèvent des tours. Les alignements ainsi obtenus participent au caractère profondément urbain du nouveau secteur de ville.
Jean Marconnet, architecte en charge du centre Saint-Sébastien et des tours de logements qui le surplombent, suit ce principe avec une épaisse base comprenant le centre commercial bien connu des nancéiens et un parking aérien, le tout dominé par quatre tours identiques. Contrairement à l’immeuble Joffre au sud (dû à Jean Bourgon) et à la tour Joffre Saint-Thiébaut d’Henri Prouvé, les tours Saint-Sébastien sont positionnées perpendiculairement à la rue. Cette disposition modifie les perspectives sur et depuis les quartiers environnants et dynamise la composition de l’ensemble.
Les techniques de construction employées diffèrent elles aussi de l'immeuble voisin conçu par Henri Prouvé. Le béton armé est préféré au métal, ce qui est plus conventionnel en France. Toutes de blanc vêtues, les tours dessinées par Jean Marconnet étaient initialement animées d'éléments préfabriqués courbes qui formaient les garde-corps de balcons, à l'image des immeubles de bord de mer dessinés par l'architecte Jean Balladur pour La Grande Motte (Hérault). Ces éléments ont été remplacés depuis par un simple barreaudage vertical bleu.
Les grands projets de rénovation urbaine des Trente Glorieuses ont fait souffler un vent de modernité sur les villes. A Nancy, le quartier Saint-Sébastien, composé de tours venues remplacer des îlots trop denses et insalubres, est un important témoignage de cette période. En son coeur, le centre commercial Saint-Sébastien et ses quatre tours de logements illustrent les nouvelles formes urbaines et architecturales imaginées alors.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Deromedi (Promoteur immobilier)
- Jean FAUGERON Urbaniste
- Jean MARCONNET Architecte
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