L'immeuble se situe boulevard de la Rochelle, artère qui vit apparaître peu à peu la modernité dans son front bâti. Grands magasins et banques du XIX° siècle s'y installent, ainsi que divers immeubles remarquables comme la poste Art déco de Guillaume Tronchet. De nombreux immeubles de logements ponctuent également la rue.
L'édifice, hors d'échelle, s'inscrit dans un bâti traditionnel d'immeubles en R+2. La pierre de parement est calpinée selon les ouvertures et la trame structurelle. La largeur d'une baie équivaut à deux plaques de pierre juxtaposées. Réunies par deux ou par trois, les baies occupent la largeur exacte séparant les éléments porteurs qu'on devine derrière le parement.
Une vision d'ensemble de cette singulière façade donne l'impression d'effets cinétiques mêlant décalages et associations de percements. Un regard plus attentif permet de constater des variations plus subtiles dans le parement de pierre. De fines verticales formées de plaques étroites s'opposent à des surfaces plus amples couvertes de plaques horizontales ou carrées. Au final, cette peau de pierre crée un plan unique où ossature et remplissage se confondent, contrairement à la façade arrière où la structure est au premier plan.
Cette recherche de planéité est renforcée par les menuiseries d’aluminium, sans doute d’origine, positionnées au nu de la façade, annulant ainsi tout effet de profondeur. Seuls de fins garde-corps d’aluminium plaqués sur la surface viennent créer un faible relief.
L’architecte opte ainsi pour une façade d'une parfaite planéité mais se révélant rationnelle après une observation attentive. Il choisit aussi une composition de façade alternant les nuances d’une pierre mate et les reflets du verre.
Se dressant telle une surface lisse de pierre et de verre au milieu du boulevard de la Rochelle, cet immeuble oppose un vocabulaire moderne à son environnement d'aspect plus classique. La planéité de la façade est orchestrée par une composition, faite d'un jeu de décalages de baies disposées en solo, en duo ou en trio.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)