A la monumentalité des barres et tours du Haut-du-Lièvre répondait jusque dans les années 2000 le vide des anciennes carrières Solvay. Dans le cadre des actions lancées par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU), le paysage du plateau se transforme à partir de 2004.
Formant une transition entre les hauts immeubles des années 1950-1960 et la forêt de Haye, le plan général de l'urbaniste Alexandre Chemetoff prévoit un nouveau maillage de voies et la construction de bâtiments d'échelle plus humaine.
La première phase consiste à réaliser trois îlots d’immeubles, chacun constitué de deux blocs parallèles encadrant un espace central. Le projet de l'agence d'Alain Cartignies et de Marie-José Canonica est réalisé avec l'aide de Caroline Leloup et Florian Ligier, conçu en 2006 et achevé trois ans plus tard.
L’ensemble de l’opération accueille 76 logements sociaux. Les bâtiments s’articulent autour d’un jardin par lequel on accède aux appartements. Cela traduit la volonté des architectes de créer un espace fédérateur à la fois clos et perméable et de porter une attention particulière aux notions de seuils et de hiérarchie des espaces, et ce, depuis l’échelle urbaine jusqu’à celle de l’habitat.
Coté sud-ouest, le bâtiment en L imbrique deux blocs dont l'un abrite des appartements en duplex. Chacun d'eux se prolonge vers l’extérieur par des balcons ou de profondes loggias double-hauteur. A l’intérieur de l’îlot, les appartements s'ouvrent sur de larges coursives desservies par une série de passerelles et d’escaliers invitant à la promenade et aux rencontres.
A l’est, on trouve trois bâtiments au plan plus ramassé. Ici, côté jardin, les architectes ont dû concilier la position des espaces communs de circulations, avec celle des balcons orientés sud-ouest. Les cuisines viennent se loger entre les balcons et les circulations, protègeant ainsi l’intimité des appartements.
L’ensemble est unifié par l’emploi de deux matériaux de natures différentes, par leur aspect et leur mise en oeuvre : le béton armé pour la structure et le bois pour le remplissage. Le premier est coulé sur place tandis que les panneaux de bois ont été préfabriqués en atelier.
Démontrant une vraie qualité formelle, cette architecture est avant tout une expérience humaine et spatiale. Depuis les escaliers et passerelles jusqu’aux tablettes et bancs des entrées, tout est fait pour favoriser le lien social et l’intimité des habitants.
JOFFROY Pascal, "Logements sociaux au Haut-du-Lièvre, Nancy", in D'architectures, avril 2010, n°190.
"76 logements sociaux, Cartignies-Canonica", in AMC, 2010, une année d'architecture en France, les 100 bâtiments de l'année, n°202, décembre 2010-janvier 2011.
"Rénovation urbaine, habiter en lisière de forêt", in Le Moniteur, 4 mars 2011.
Dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier du Haut-du-Lièvre et du développement du Plateau de Haye, cette opération propose un nouveau type d'immeuble organisé comme un îlot ouvert autour d’une cour-jardin. Un soin particulier a été apporté à la conception des circulations et des logements, afin de favoriser les liens sociaux entre les habitants tout en préservant leur intimité. Béton brut, bois et végétation sont associés en un vocabulaire contemporain qui contraste avec les façades des immeubles des années 1950-1960 dominant le quartier.
XXIe siècle (2000-...)
- Office Public de l'Habitat (OPH) de Nancy
- Cartignies-Canonica Agence d'architecture
