Eglise Saint-Maximin

Boust (Moselle)
  • Lieux de culte

Historique

Entièrement financée par les fonds des dommages de guerre, la construction de cette église remplace celle détruite au cours des combats de 1940, dont seul subsiste le beffroi roman du XIème siècle. Un lieu d'implantation différent est retenu, en belvédère sur un talus arboré à la sortie du village de Boust. Georges-Henri Pingusson, alors architecte en chef de la reconstruction en Moselle, est sollicité pour composer un projet moderne avec le soutien actif de l'abbé Sindt et de la paroisse de Boust-Usselkirch. S'il est approuvé en 1955, les travaux de gros-œuvre ne débutent qu'en novembre 1960, avec la pose de la première pierre, pour s'achever deux ans plus tard. Le délai entre la commande et l'achèvement du chantier, principalement dû à des difficultés de financement, permet à G.-H. Pingusson d'affiner la conception de cette réalisation dont les principes reprennent ceux du projet de l'église de "Jésus Ouvrier" à Arcueil (Val-de-Marne). Conçu durant les années 1930 et resté sans suite, son caractère novateur lui valut cependant d'être décrit dans la revue catholique L'Art sacré en 1938. Pour la conception et la réalisation du programme décoratif, l'architecte fait appel à Jean Lambert-Rucki pour les sculptures, à l'artiste Silvano Bozzolini pour le vitrail en dalles de verre ceinturant la coupole et au maître-verrier Henri-Martin Granel pour la conception du vitrail du baptistère. Suite à de nombreuses difficultés, les vitraux ne sont livrés qu'au printemps 1965. La consécration de l'église a lieu le 30 octobre 1966.

Tout d'abord inscrite au titre des Monuments historiques en 1994, l'église Saint-Maximin est classée au titre des Monuments historiques depuis 2014G-H Pingusson construisit trois autres églises dans le cadre du programme de reconstruction en Moselle, à proximité de Metz (à Borny, Corny et Fleury).

Dates à retenir

1955 : Début de la conception
1960 : Pose de la première pierre
1962 : Bénédiction de l'église
1965 : Livraison des vitraux
1966 : Consécration de l'église

Description

Edifiée à la sortie du village dans un cadre arboré, l'église Saint-Maximin est posée sur les hauteurs du talus, tel un écrin, et bénéficie d'un panorama ouvert sur le paysage environnant. Sa gracile silhouette longiligne s'intègre subtilement à la topographie de son site d'implantation, contrebalancée avec justesse par la verticalité de son campanile élancé enduit de blanc. Ce campanile aux lignes modernes d'une hauteur de 18 mètres rappelle singulièrement celui de l'église d'Imatra en Finlande, dessinée par Alvar Aalto. G.-H. Pingusson répartit les fonctionnalités du lieu de culte en volumes distincts, organisés autour d'un long mur structurant tout de moellons bruts vêtu. Ce mur marque également le seuil entre les mondes matériel et spirituel d'une façon radicale : s'il est un fin trait d'union reliant les volumes de l'église à son approche, il frappe par sa monumentale présence dépouillée et conduit avec force vers l'intérieur de l'édifice, une fois arrivé devant le parvis. Adossée au mur, la statue du Christ bénissant les foules de Jean Lambert-Rucki accueille le visiteur avec humilité. Le traitement de l'entrée retient l'attention. Accompagnée d'un travail sur l'éclairage naturel indirect caractérisant chaque lieu traversé, l'entrée dans le monde spirituel se fait graduellement, du parvis au narthex introduisant l'accès à la nef, elle-même précédée du déambulatoire. Incurvé, le large vitrail en pavés de verre sertis de béton composé par Martin-Henri Granel baigne d'une lumière tamisée les fonds baptismaux jouxtant le narthex. Puis, une fois la pénombre du déambulatoire franchie, l'espace s'ouvre généreusement sur la nef ronde couverte par une coupole de béton armé de 24 mètres de diamètre, soutenue par des piliers dont le nombre rappelle symboliquement celui des apôtres. Sa sous-face nervurée de dièdres convergeants est habilement magnifiée par un éclairage indirect ménagé par des bandeaux périphériques et teinté de bleu au moyen d'une ceinture de dalles de verre de Boussois, imprimées de motifs abstraits par le peintre Silvano Bozzolini. Converger vers le centre, vers l'autel, telle est l'idée maîtresse de G.-H. Pingusson. Avant que ne soient entérinées les directives du Concil de Vatican II (1962-1965) prônant la proximité entre les fidèles et les célébrations liturgiques, il installe l'autel au centre de l'espace, sur une plate-forme surélevée.

Accessible par deux escaliers symétriques, la crypte accueille la chapelle de semaine sous le volume de la nef.

La liaison entre le volume de la sacristie et celui de la nef est assurée par une longue galerie aux lignes modernes, également éclairée de bandeaux. En dialogue avec la maçonnerie de moellon, l'architecte utilise le béton armé brut de décoffrage, qu'il souligne la plupart du temps d'une peinture blanche, pour relier, marquer l'horizontalité et proposer des formes audacieuses.

Documentation conseillée

DONZE J.-P., FREYMANN A., Georges-Henri Pingusson architecte : l’oeuvre lorraine, Nancy : Archives modernes de l'architecture lorraine ; Metz : Direction régionale des affaires culturelles, service régional de l'inventaire du patrimoine, 1997.

JUHEL Enora, dossier de classement de l'église Saint-Maximin de Boust au titre des Monuments historiques, CRMH, DRAC Lorraine, 2013.

PINGUSSON Georges-Henri, « Construire une église », L'Art sacré, novembre 1938, n° 35, p. 315-318.

TEXIER Simon, « Georges-Henri Pingusson. Quatre églises en Lorraine », Le Moniteur architecture, n°154, octobre 2006, p. 137-140.

TEXIER Simon, Georges-Henri Pingusson, coll. « Carnets d'architectes », Paris, 2011.

 

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Intérêt

Construite au début des années 1960 par l'architecte Georges-Henri Pingusson, l'église Saint-Maximin est d'une modernité particulièrement affirmée. Inscrite dans une rotonde associant moellons bruts en pierre de pays et béton, sa nef coiffée d'une impressionnante coupole conique place l'autel au centre de sa composition. Avangardiste, cette disposition marquant symboliquement l'unité chrétienne illustre la pensée de Pingusson en matière d'architecture religieuse, pensée qu'il développa dès l'entre-deux guerres. Son remarquable travail sur la lumière souligne les volumétries intérieures épurées de l'édifice.

Classé au titre des Monuments historiques

Période(s)

Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)

Maîtrise d'ouvrage

  • Paroisse de Boust-Usselkirch
  • Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU)
  • Commune de Boust

Maîtrise d'œuvre

  • Georges-Henri PINGUSSON Architecte
  • Paul AYNES Architecte d'opération
  • Serge KETOFF Ingénieur/structure de l'église

Autres intervenants

  • Jean LAMBERT-RUCKI (Peintre et sculpteur)
  • Henri-Martin GRANEL (Maître-verrier)
  • Silvano BOZZOLINI (Artiste peintre)
  • RONCORINI (Entrepreneur)

Localisation

Impasse du Mollberg
Boust (57570)

Informations pratiques

Pour les horaires d'ouverture, se renseigner auprès de la mairie.

Mots clés

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